

Présidentielles Américaines: Impact & Statistiques pour les Marchés Boursiers

Les trois premières semaines du mois de septembre ont été marquées par une importante correction des marchés boursiers, certains journalistes économiques et analystes allant jusqu’à parler de “mini krach boursier”.
A seulement 6 semaines des élections américaines, et dans un contexte de marchés boursiers en pleine rémission de la pandémie mondiale de covid-19, il est nécessaire de faire un point sur les perspectives financières à venir, et leur impact sur votre portefeuille de titres.
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Analyse Techniques des Marchés Américains
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Montée des Craintes à l’Approche des Élections
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L’Importance des Programmes Politiques
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Un Écart Croissant entre les Électeurs Américains
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Des Facteurs de Risques Bien Présents
Analyse Technique : la Correction Continue
Depuis leur plus haut historique du 2 septembre, les cours du plus large indice américain, le S&P500, ont entamé une profonde correction de plus de 9% vendredi 18 septembre à la clôture.
L’indice phare de Wall Street est revenu travailler sa moyenne à 50 jours, poursuivant ainsi la correction baissière entamée en début de mois et qui s’est vue accélérer après l’expiration des contrats sur options vendredi 18 septembre.
Source : Admiral Markets MT5, Indice S&P500 CFD, graphique D1, du 17 février 2020 au 22 septembre 2020, édité le 22 septembre 2020 à 16h13
La cassure à la baisse de la moyenne mobile à 50 jours traduit l’incertitude qui pèse sur les marchés américains et annonce la poursuite de la correction en cours qui pourrait aller jusqu’à la moyenne 200 jours, ce qui correspondrait à une baisse de plus de 13% par rapport à son plus haut historique de début septembre.
Loin de surprendre les investisseurs professionnels, cette profonde correction du prix des actions américaines était attendue et fait pleinement partie du cycle boursier de période électorale outre-Atlantique.
Montée des Craintes à l’Approche des Élections
L’approche des élections américaines a également contribué à rendre plus frileux les investisseurs, dont une partie ont fait le choix de rester hors marché ou d’alléger significativement leurs positions en attendant les résultats des élections. Cette incertitude a en grande partie été alimentée par la rhétorique des deux camps, chacun affirmant que la victoire du camp adverse entraînera l’effondrement de l’économie américaine.
D’un point vue neutre et factuelle, on peut s’appuyer sur les statistiques de Kiplinger, selon lesquelles les cours du DowJones, sur la période 1833-2016, ont progressé de 10,4% en moyenne l’année précédant l’élection et de 6% en moyenne l’année de l’élection. En revanche les deux premières années des mandats présidentiels sont nettement moins avantageuses pour les investisseurs avec seulement 2,5% et 4,2% du hausse du DowJones en moyenne la première et la deuxième année.
Depuis l’élection du président Roosevelt en 1944, seules deux années d’élections ont coïncidé avec un recul des marchés :
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L’an 2000 et l’éclatement de la bulle internet
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L’année 2008 et la crise des subprimes
En retenant les chiffres depuis 1944 à nos jours, on peut donc déterminer que la chance de voir les marchés progresser sont de 76% contre seulement 24% de voir les marchés évoluer en territoire négatif.
Bien que les statistiques soient positives, il convient de les tempérer en rappelant la conjoncture actuelle. En considérant que les seules années électorales ayant connu une baisse des marchés correspondent à des crises financières et que l’année 2020 a connu une pandémie mondiale et une faiblesse économique globale, les probabilités de baisse des marchés sont à considérer sérieusement au-delà de la simple statistique de 24%.
Les Programmes Économiques des Candidats Sont-ils Déterminants ?
N’oublions pas que les programmes et agenda sont avant tout politiques. Si les promesses de campagnes et les publicités sont nombreuses pour attirer les votes, seule une faible partie des mesures annoncées verront le jour.
De ce fait, l’analyse approfondie du programme de chaque candidat n’est pas particulièrement intéressante, et statistiquement n’a que peu de valeur dans l’historique des cotations les années d’élection.
En nous appuyant sur les données statistiques et historiques, nous pouvons déduire deux éléments :
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Les mois de septembre et d’octobre sont historiquement baissiers, les marchés actuels respectent donc cette norme.
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Depuis 1960 sur les années d’élection, la performance moyenne du Standard & Poor’s 500 est de 2,2% par an.
Source : Real Investment Advise
Un Écart Idéologique Croissant entre Électeurs Américains
Le vote par défaut est devenu la nouvelle norme outre-Atlantique.
Le système américain repose sur un modèle biparti. Or, ces 26 dernières années, les écarts d’attentes des électeurs américains se sont considérablement accrus et les représentants des deux partis historiques ne font plus l’unanimité, même dans leur propre camp.
Cette tendance à la division semble avoir été accélérée avec le développement des réseaux sociaux, qui ont permis aux personnes partageant les mêmes idées de se regrouper. Les électeurs américains ne votent donc plus pour le candidat qui incarne leurs valeurs et idées politiques, mais pour celui qu’il déteste le moins.
Source : pewresearch.org
Conséquence surprenante de cet état de fait, on remarque qu’entre 1985 et 2019, les meilleures années pour les marchés financiers sont celles avec un Congrès divisé et non pas dominé par l’un des deux partis dominant.
Outre l’élection, les investisseurs ont donc une préférence pour un certain équilibre des forces au sein des Chambres. Lorsque le Congrès était divisé en 1985, 2013 et 2019, le PIB a progressé de 2,8% en moyenne, et S&P500 a progressé en moyenne de 17,2%.
Des Facteurs de Risque Bien Présents
À partir des données et statistiques exposées, on peut raisonnablement anticiper que l’année 2020 s’achèvera sur une note positive pour les marchés américains et plus particulièrement pour le S&P500.
Cependant, il est impossible de tirer des conclusions pour l’année 2021. Depuis 1833, la première année de présidence est historiquement celle qui s’accompagne de la plus faible hausse des indices boursiers, et en considérant l’année 2020 comme une année de crise similaire à l’an 2000 ou à 2008, la hausse ou la baisse sont de 50/50 pour l’année à venir.
L’année 2021 sera également une année sous haute surveillance avec de nombreux éléments en cours sur lesquels la visibilité des investisseurs est réduite, voir même quasi nulle :
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Le VIX (l’indice de la peur) se maintient au-dessus du seuil d’alerte des 25 et ne parvient pas à revenir sous ce niveau.
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La FED (banque centrale américaine) poursuite sa politique interventionniste avec un objectif d’inflation à court terme supérieur à 2%, nous n’avons aucune visibilité sur les conséquences d’une telle politique.
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La relance de la consommation devra passer par le crédit alors que les Etats-Unis ont déjà une dette de plus de 130% du PIB.
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Possible amélioration de la profitabilité et de la rentabilité des entreprises à court terme grâce aux plans de licenciements massifs, mais la question se pose de savoir qui pourra durablement consommer sans emploi.
Source: Admiral Markets MT5, Indice de Volatilité (VIX), graphique D1, du 26 février 2020 au 22 septembre 2020, édité le 22 septembre 2020 à 17h32
Quels Scénarios pour les Marchés Boursiers Américains
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Préparation des élections américaines du 29 octobre 2020, avec Ghiles Guezout et Pierre Perrin-Monlouis.
Conclusion
L’élection américaine est certainement l’un des événements les plus importants et attendus de l’année 2020. Si les marchés devraient globalement bien tenir le choc, qu’importe le président élu, c’est sur l’année 2021 que le manque de visibilité devient problématique.
A court terme, l’approche des élections devrait entraîner d’importants mouvements de volatilité, en particulier sur les indices et les actions.
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