Découvrez l'interview exclusive de Valentin Boutonnet, Senior auditor at EY Luxembourg
1. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Valentin Boutonnet, j’ai été diplomé de l’ESAM en 2016 d’un M2 spécialité Audit, Conseil, Finance. Depuis septembre 2016 je suis en poste en tant qu’auditeur/consultant au sein d’EY Luxembourg. Je suis amené à intervenir auprès de différents clients tant en tant qu’auditeurs pour des missions d’audit réglementaire liées à la Lutte Anti-Blanchiment/Financement du Terrorisme (LAB/FT), à la directive sur les marchés d'instruments financiers (‘MiFID), le Règlement général sur la protection des données (RGPD) etc. mais également à des missions de consulting.
2. Pourriez-vous présenter EY Luxembourg aux membres de Dogfinance ?
EY Luxembourg est une organisation fournissant des services d’assurance (audit), de conseil, de fiscalité et de transactions. Au Luxembourg, EY compte plus de 1.500 collaborateurs provenant de 70 pays et parlant une soixantaine de langues. C’est donc un univers très varié.
Le cabinet est situé dans le quartier d’affaire « Kirchberg » à Luxembourg ville.
3. Pourriez-vous présenter l’ESAM aux membres de Dogfinance ?
L’ESAM est une école post bac avec plusieurs spécialisations comme par exemple le cursus axé Audit Finance que j’ai pu suivre. Je dirais de part mon expérience que cette école à un avantage non négligeable qui est l’employabilité à la sortie du diplôme. En particulier sur des postes intéressants. Nous sommes par exemple plusieurs de ma promotion à avoir rejoint les BIG4 (EY, PWC, KPMG, et Deloitte) au Luxembourg. Il y a également certains de mes camarades de promotion qui ont intégré ces cabinets à Paris. L’école a également le très grand avantage de faire dispenser certains de ses cours par des intervenants issus du monde professionnel. C’est par exemple par ce biais que j’ai pu découvrir le métier d’auditeur et que j’ai pu être conseillé et coaché par Fayçal Lounes, notre professeur d’audit alors Senior Manager au sein d’EY Luxembourg, afin d’intégrer EY au Luxembourg.
Je pense que l’opportunité d’avoir eu un professionnel lors de nos cours d’audit m’a permis de me tourner vers une carrière différente (peut-être même plus gratifiante) que celle vers laquelle je pensais alors me diriger.
4. Quelles formations avez-vous suivi à l’ESAM ? Pourquoi avez-vous choisi cette orientation ?
J’ai intégré l’ESAM en 3ème année (licence professionnel) après avoir passé un BTS MUC (‘Management des Unités Commerciales’) dans un autre établissement. J’ai poursuivi mon cursus avec le Master Audit Conseil Finance que j’ai intégré pour plusieurs raisons.
Tout d’abord inconsciemment j’ai toujours estimé que les débouchés en finance seraient plus importants que dans d’autres filières et qu’il me serait plus simple de trouver une alternance en M2 et surtout avoir plus de chance de trouver un premier emploi à la sortie du diplôme. J’avais aussi réalisé un stage de 3ème année dans une grande banque de la place. J’avais particulièrement aimé l’ambiance de travail et les différents métiers (ainsi que la mobilité interne) et je me voyais bien faire cela plus tard. Aussi, en 3ème année nous étions en contact étroit avec la promotion supérieur qui nous parlait souvent de certains professeurs de cette spécialité et de ce qu’ils étaient amenés à suivre comme type cours. Tout cela m’a poussé à vouloir intégrer cette spécialité.
5. Comment avez-vous découvert l’audit ?
J’ai vraiment découvert l’audit lors de mon année de M2. Je dis ‘vraiment’ car depuis le Master 1 on commence déjà à entendre parler des gros cabinets d’audit, de leur exigence et aussi du côté « élitiste » d’un tel emploi à la sortie du diplôme - c’est peut-être ici la vision tronquée d’un étudiant en finance d’une école post bac...
En M2, nous avons des cours d’audit financier et le professeur qui nous donnait ce cours, donnait également des cours de communication orale et écrite qui était effectivement plus ou moins appliqués au métier d’auditeur. J’ai aussi eu l’opportunité d’échanger longuement avec ce professeur sur les différents métiers liés à l’audit (audit financier, audit réglementaire, audit interne, la vie en cabinet etc..). C’est par cela que j’ai vraiment eu l’opportunité de découvrir le métier d’auditeur mais aussi de découvrir l’univers des BIG4.
Nous avions aussi en M2 un cours de ‘Fusion Acquisition’ dispensé par un ancien de KPMG.
6. Pourriez-vous m'expliquer votre métier au quotidien au sein d’EY Luxembourg ? Les missions, les challenges, votre environnement de travail ?
Dans mon cas spécifique, je suis en charge de réaliser des audits réglementaires et d’accompagner mes clients dans la vérification de la conformité avec des réglementations financières. C’est-à-dire donner l’assurance à mon client que les mesures qu’il a mis en place afin de respecter les diverses réglementation (LAB/FT, MiFID, RGPD, Abus de Marché etc.) sont efficaces et lui permettent de se protéger, dans un premier temps, contre le risque de non-conformité mais aussi contre d’autres risques tels que le risque opérationnel, risque financier ou le risque de réputation.
L’auditeur est amené à travailler sur plusieurs missions au cours de l’année. En fonction de la mission, la durée peut varier de quelques jours à plusieurs mois. Ensuite avec l’expérience nous sommes amenés à encadrer plusieurs missions en même temps.
D’un point de vue global, le travail d’auditeur consiste à, sur base d’un programme de travail basé sur les niveaux de risques de nos clients et défini en amont, de s’assurer que notre client respecte les exigences réglementaires. Pour cela nous nous assurons que notre client a mis en place les mesures exigées par les différentes réglementations et que ces mesures sont efficaces. Pour cela, nous revoyons les politiques et procédures de la banque, les contrôles en place, réalisons des interviews avec les personnes clés de l’organisation et réalisons des tests de détails pour nous assurer de l’efficacité de la mise en place.
Au quotidien, le travail d’auditeur consiste à s’assurer sur base d’évidence (de preuves) que notre client respecte les obligations réglementaires.
Dans la majorité des missions nous sommes amenés à aller directement travailler dans les locaux de nos clients et être auprès de ses équipes. Un des avantages du Luxembourg est que la grande majorité de nos clients se trouvent à Luxembourg ville ce qui permet d’éviter les longs déplacements comme cela peut être le cas dans d’autres bureaux en France.
Je pense que les challenges les plus importants sont l’adaptabilité aux différents clients avec qui nous allons travailler sur une année. En audit nous avons l’opportunité de travailler avec beaucoup de clients différents tant en termes d’organisation, de process que de culture (Luxembourg étant un pays très multiculturel). Il peut être parfois difficile de s’adapter rapidement à ces changements. Aussi, en interne il faut également s’adapter aux différents managers avec lesquels nous sommes amenés à travailler. Chacun ayant un fonctionnement différent. Finalement, le dernier challenge important dans la vie en cabinet est surement la charge de travail qui pendant une certaine période va être très importante puis ralentir dans les périodes « creuses ».
7. Quelles sont les compétences attendues d'un auditeur ?
Un auditeur Junior qui souhaite intégrer un BIG4 doit être rigoureux, avoir une grande capacité d’adaptation et un esprit critique. Selon le type de poste il doit montrer une certaine connaissance en comptabilité (en cas de candidature en audit financier particulièrement) mais surtout il doit être capable de montrer sa capacité à travailler en équipe, à être flexible mais aussi à montrer une certaine éthique de travail (confidentialité etc.)
Être à l’aise à l’oral est un atout indéniable mais je ne pense pas que cela soit une obligation à l’intégration en tant que Junior. Les années de Junior vont permettre à des auditeurs un peu plus timides à s’affirmer et de développer cet aspect.
8. Peut-on dire que l'audit est un métier de demain ? A quels changements pensez-vous que ce secteur sera confronté ?
L’audit est dans la majorité des cas une obligation réglementaire pour certaines entreprises et face à l’augmentation des réglementations (en particulier dans l’univers bancaire au sens large) je pense que l’audit est un métier d’avenir. Les changements qui peuvent avoir lieu dans le futur et que l’on a pu commencer à voir avec la situation liée au COVID est que le métier d’audit va surement être repensé tant dans l’organisation du travail que dans la façon de réalisé les audits. Je pense que le télétravail pourrait être plus généralement proposé quand cela est possible. Cependant, il faut noter que la formation des Juniors qui est réalisés par des auditeurs plus expérimentés est plus efficace et plus simple en présentiel plutôt qu’en gérant les missions à distance. Aussi d’une manière générale je pense que la grande évolution que va vivre le métier de l’audit sera lié à l’intégration des nouvelles technologies dans la réalisation des audits afin de gagner en efficacité et de réduire les coûts.
9. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant souhaitant intégrer EY Luxembourg en tant qu’auditeur junior ?
Les conseils que je donnerai sont, dans un premier temps de tenter sa chance en postulant grâce à un CV pertinent qui mette en valeur leurs expériences en lien direct ou non avec le métier de l’audit. Une expérience en banque ou en contrôle de gestion est également un atout. Ensuite pour la réalisation des entretiens, de s’intéresser de près à ce qu’est l’entreprise, ses valeurs, travailler l’anglais et se préparer convenablement pour montrer aux différents interlocuteurs, par un discours construit et organisé, la motivation a intégré un tel cabinet et à apprendre.
10. Pensez-vous que votre parcours à l’ESAM a été un atout pour progresser en audit ?
Oui je pense que mon parcours à l’ESAM a été un atout pour intégrer EY Luxembourg. Comme expliqué cela est lié aux cours donnés par des professionnels mais aussi aux différentes rencontres que j’ai pu y faire.
Une fois EY intégré, la formation que j’ai reçue à l’ESAM m’a permis de progresser car lors de mon cursus j’ai pu acquérir plusieurs compétences comme le travail en groupe (très développé lors mon cursus), des connaissances en contrôle de gestion/comptabilité, audit, contrôle interne etc. mais aussi une certaine ouverture d’esprit.
11. Quelles sont les principales différences entre un auditeur externe et interne ?
La fonction d’auditeur interne peut être internalisé dans une entreprise ou bien externalisé (par exemple une entreprise peut faire appel à un cabinet d’audit qui prendra le rôle de cette fonction). Etant une fonction de contrôle, c’est une fonction indépendante et objective qui permet de donner une assurance sur la maitrise des opérations et des risques de l’entreprise. L’auditeur interne va donc revoir toutes les activités d’une entreprise (que ce soit les ressources humaines, la comptabilité, la gouvernance et l’organisation d’une entreprise, etc.)
L’audit externe est également une fonction de contrôle, et donc une fonction indépendante et objective qui permet de donner une assurance sur les états financiers d’une entreprise. Cette fonction est toujours externalisée.
12. Y a-t-il plus d'avantages dans l’audit interne ou externe ?
Je ne pense pas qu’il y ait un avantage particulier à faire l’un ou l’autre. Les métiers étant différents on pourra acquérir des compétences financières, de comptabilité en faisant de l’audit externe (financier) tandis ce que l’audit interne permettre d’acquérir des compétences plus généralistes mais sur des sujets plus variés. Les 2 activités sont très valorisables sur le marché du travail après quelques années d’expérience.
13. Quels sont les avantages en tant qu’auditeur au sein d’EY Luxembourg ?
Je dirais que l’avantage le plus important est d’être dans un grand cabinet reconnu internationalement mais aussi d’être au Luxembourg. La diversité des services proposés donne également l’avantage aux auditeurs du cabinet de se spécialiser dans un domaine particulier mais également de changer de domaine comme par exemple commencer par de l’audit financier pour ensuite changer d’activité en intégrant la partie conseil.
L’apprentissage constant dans l’univers des grands cabinets et après une expérience réussie un atout considérable et est facilement valorisable sur le marché du travail. Particulièrement chez EY Luxembourg, je dirais que l’opportunité nous est offerte de sortir de notre zone de confort en ayant rapidement des responsabilités lors des missions. Cela permet de gagner plus rapidement en compétence et en connaissance.
Aussi, d’un point de vue très personnel, le Luxembourg offre selon moi une meilleure qualité de vie que celle offerte à Paris.
14. Un dernier mot pour la fin ?
En conclusion je dirais qu’intégrer EY Luxembourg en tant que Junior à la sortie du diplôme est une opportunité non négligeable pour bien débuter sa carrière et se diriger ensuite vers des métiers liés à la finance. La montée en compétence rapide au sein d’un BIG4 est très importante et une fois quelques années d’expérience acquises, le profil BIG4 est très recherché sur le marché du travail et ouvre donc pas mal de portes pour poursuivre une carrière en finance ou autre.
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