




Blanchiment : descente chez une grande banque

La Société Générale est à nouveau rattrapée par des soupçons graves. Déjà mise en cause dans une affaire de fraude aux dividendes, la banque française se retrouve désormais impliquée dans une nouvelle enquête de grande ampleur, cette fois pour blanchiment de fraude fiscale. Plusieurs cadres sont placés en garde à vue, tandis que des perquisitions sont menées en France et à l’étranger.
Des perquisitions ciblent les dirigeants de la banque
La tension est montée d’un cran au sein de Société Générale : des perquisitions ont été menées dans les bureaux du groupe à La Défense, près de Paris, ainsi qu’au Luxembourg. Mais les enquêteurs ne se sont pas arrêtés là : les domiciles de cinq hauts responsables ont également été visités, aboutissant à la garde à vue de quatre personnes. Ces actions s’inscrivent dans le cadre d’une enquête ouverte début 2024 par le Parquet national financier (PNF), qui vise directement des cadres dirigeants de l’établissement.
Une opération judiciaire d’envergure internationale
Pour cette opération, les autorités ont mobilisé des moyens inhabituels : pas moins de 80 enquêteurs en France et à l’étranger, accompagnés de 11 magistrats et assistants spécialisés, ont été déployés. L’ampleur de cette mobilisation illustre l’importance des soupçons pesant sur la banque. L’action coordonnée entre plusieurs juridictions, notamment au Luxembourg, témoigne également de la dimension transfrontalière des faits reprochés.
Des montages fiscaux conçus pour de grandes entreprises
L’enquête vise des pratiques de « blanchiment de fraude fiscale » et « blanchiment aggravé en bande organisée », ainsi que des faits d’« association de malfaiteurs ». Selon le PNF, un service spécifique de la banque aurait proposé des montages à but fiscal principalement destinés à alléger la charge fiscale de grandes entreprises françaises. Ces dispositifs pourraient avoir été mis en place depuis 2009, à la fois sur le territoire national et à l’international, notamment au Luxembourg. Cette enquête pourrait ainsi dévoiler des mécanismes de contournement fiscal particulièrement élaborés.
Des pratiques bien rodées dans des territoires opaques
Le recours au Luxembourg, régulièrement pointé du doigt pour son rôle dans l’optimisation fiscale agressive, renforce les soupçons autour des montages reprochés à Société Générale. Les enquêteurs cherchent à déterminer si la banque a sciemment profité de la réglementation plus souple de certains territoires pour orchestrer ces schémas fiscaux, au bénéfice de ses clients, mais potentiellement au mépris du droit.
Une affaire distincte mais qui fait écho à un précédent scandale
Le PNF a tenu à préciser que cette enquête est indépendante de celle liée aux pratiques dites « CumCum ». Pour autant, les deux affaires partagent un point commun : elles mettent en lumière l’utilisation de montages financiers visant à échapper à l’impôt. Dans le dossier CumCum, la banque était soupçonnée d’avoir aidé des actionnaires étrangers à esquiver l’impôt sur les dividendes via des prêts temporaires d’actions. Cette précédente affaire avait déjà conduit à des perquisitions en mars 2023 chez plusieurs banques, dont Société Générale, HSBC et BNP Paribas.
Conclusion
Ce nouveau front judiciaire fragilise encore un peu plus la position de Société Générale, déjà sous pression. Entre pratiques fiscales contestées et soupçons de blanchiment, la banque devra désormais répondre à des accusations lourdes qui, si elles se confirment, pourraient entacher durablement sa crédibilité et entraîner des conséquences judiciaires pour ses dirigeants impliqués. L’évolution de l’enquête sera scrutée de près, tant par les autorités que par les marchés financiers.
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