




Deux géants acquièrent Millieis

LCL et Crédit Agricole Assurances préparent un coup stratégique sur le marché de la banque privée française en s’apprêtant à racheter Milleis, ancienne filiale de Barclays France. L’opération, prévue pour se conclure d’ici 2026, marque une volonté affirmée de renforcer leur présence auprès de la clientèle patrimoniale.
Un rachat stratégique pour s’imposer dans la gestion de patrimoine
LCL et Crédit Agricole Assurances sont officiellement entrés en négociation exclusive avec le fonds d’investissement AnaCap pour acquérir Milleis, acteur indépendant historique de la banque privée en France. Cette opération conjointe, qui cible une clientèle haut de gamme, s’inscrit dans une logique de consolidation du secteur. Milleis gère actuellement 12,6 milliards d’euros d’actifs pour 64.000 clients, un volume attractif pour les deux entités du groupe Crédit Agricole.
Une acquisition structurée en deux volets complémentaires
Le schéma de l’opération prévoit que LCL reprenne dans un premier temps l’ensemble du groupe Milleis : Milleis Banque ainsi que ses filiales Milleis Vie (assurance) et Cholet Dupont Oudart (gestion d’actifs). Ensuite, LCL cédera la branche Milleis Vie à Crédit Agricole Assurances. Ce découpage permet à chaque entité de se renforcer dans son cœur de métier. À noter que Rothschild & Co accompagne AnaCap dans cette transaction, tandis que LCL s’appuie sur la banque Lazard.
Des objectifs clairs : croissance et synergies ciblées
L’enjeu pour LCL est clair : renforcer sa position sur le marché patrimonial français en intégrant un acteur déjà reconnu. De son côté, Crédit Agricole Assurances vise à consolider sa filiale Spirica sur le segment premium et à élargir ses canaux de distribution. Milleis, déjà tourné vers des partenariats stratégiques – comme celui avec Groupama – dispose d’un modèle adaptable aux ambitions du groupe mutualiste.
Une banque redressée après des années de restructuration
Depuis sa reprise par AnaCap en 2017, Milleis a entamé une profonde transformation. En juin 2024, la banque annonçait enfin un retour à la profitabilité, avec un résultat net avant impôts positif de 3,8 millions d’euros en 2023. Son produit net bancaire s’est élevé à 150 millions d’euros en 2024, preuve d’un redressement opérationnel réussi, même si sa rentabilité nette n’est pas encore détaillée publiquement.
Un prix tenu secret mais des signes de valorisation prometteurs
Le Crédit Agricole n’a communiqué ni le prix de l’acquisition ni les multiples de valorisation. Toutefois, les résultats récents de Milleis, conjugués à sa montée en gamme et à une clientèle solide, laissent présager une valorisation favorable pour AnaCap. Cette dynamique renforce sa position de négociation, dans un contexte où les acteurs du marché patrimonial cherchent à gagner en taille et en efficacité.
Un positionnement élitiste pour une clientèle en pleine mutation
Milleis a recentré ses activités depuis 2017, réduisant ses effectifs à environ 700 salariés (contre 1.100 en 2021) et diminuant significativement le nombre de ses agences. Son positionnement cible les clients aisés, avec un ticket d’entrée à 100.000 euros d’épargne. La majorité des portefeuilles oscillent entre 300.000 et 1,5 million d’euros, et la clientèle s’est rajeunie, avec une moyenne d’âge de 46 ans pour les nouveaux clients, preuve d’un repositionnement réussi.
Conclusion
Avant de devenir définitif, le rachat devra encore passer par une consultation des instances représentatives du personnel et obtenir les autorisations réglementaires habituelles. Le Crédit Agricole vise une finalisation au premier semestre 2026. Le groupe assure que l’opération respecte ses objectifs en matière de rentabilité et qu’elle aura un impact limité sur le ratio de capital CET1. Ce rachat marque une étape décisive dans la stratégie patrimoniale de Crédit Agricole, déterminé à peser davantage dans un secteur en pleine recomposition.
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