




BNP Paribas : télétravail, suppressions, mutations

La banque BNP Paribas entame à partir de septembre une vaste réorganisation de son réseau de détail en France, dans le cadre de son projet stratégique Retail 4.0. Cette transformation majeure vise à renforcer la rentabilité de la banque commerciale d’ici 2028, tout en imposant des changements profonds aux conseillers bancaires : mobilité, évolution des postes, voire suppressions. Un accord d’accompagnement a été signé avec le syndicat SNB-CFE-CGC, mais le climat social reste tendu.
Un accord signé dans un climat syndical divisé
Le 24 juillet, BNP Paribas et le SNB-CFE-CGC – syndicat majoritaire – ont conclu un accord sur les mesures d’accompagnement des salariés impactés par la transformation du réseau. Après plusieurs mois de discussions, cet accord a été signé sans le soutien des autres syndicats (FO, CGT, CFDT, CFTC, CAT), qui dénoncent un texte « signé à la hâte », jugé « incomplet et dangereux ». La seule signature du SNB suffit à valider juridiquement l’accord, bien que les autres organisations pointent l’absence de garanties solides, notamment sur les mobilités forcées et les suppressions de postes.
Des mesures d’accompagnement ciblées pour les salariés concernés
Tous les salariés concernés par la transformation bénéficieront d’au moins une des mesures négociées avec la direction. Parmi elles : une prime d’affectation pour les agents changeant de métier, le maintien temporaire de la rémunération variable en cas de mobilité, ou encore la promotion du télétravail. L’objectif est de limiter l’impact social du projet Retail 4.0, que le SNB a choisi d’accompagner « en responsabilité » après avoir sondé les attentes des salariés.
Une stratégie de transformation à visée de rentabilité renforcée
Ce projet s’inscrit dans une refonte plus globale de la banque commerciale, qui regroupe les agences physiques, la banque en ligne Hello Bank, la clientèle entreprises et la banque privée. BNP Paribas a présenté aux investisseurs en juin son ambition : quasiment doubler la rentabilité de cette branche d’ici à 2028. La transformation du réseau physique s’accompagnera donc d’une réorganisation en profondeur des métiers et de la relation client.
Mobilités internes et redéploiement vers la banque à distance
Dès septembre, le nouveau modèle sera testé dans plusieurs régions, entraînant de nombreuses mobilités géographiques et des changements de poste. Une partie des conseillers en agence seront transférés vers la plateforme de relation client 100 % à distance, baptisée « Service client ». Cette plateforme compte actuellement 700 collaborateurs, mais l’objectif est de doubler ses effectifs d’ici fin 2027. Une prime de 800 euros est prévue pour ceux dont l’agence ferme et qui rejoignent ce service.
Des primes revalorisées et des intitulés de postes refondus
En complément, la prime annuelle de rotation, liée aux horaires décalés, sera revalorisée pour les salariés du Service client et d’Hello Bank (hors cadres au forfait). L’accord prévoit également un maintien de la rémunération variable pendant une période transitoire pour les salariés en mobilité. Tous les postes du réseau verront par ailleurs leur appellation modifiée, avec de nouvelles définitions métiers adaptées au modèle cible.
Télétravail élargi et reconnaissance des parcours
Le télétravail fera également l’objet d’expérimentations. Dès octobre 2025, le taux minimal de présence obligatoire en agence sera abaissé de 75 % à 60 % dans les structures comptant au moins 7 postes. Une expérimentation sera aussi lancée dans la région Sud-Est entre juin et septembre 2026 pour les agences de 5 postes et plus, avec un assouplissement des règles. L’expérience des collaborateurs sera par ailleurs davantage reconnue lors des mobilités internes : certains pourront accéder à de nouveaux métiers sans passer de certification.
Conclusion
Malgré cet accord, la contestation reste forte. L’intersyndicale (SNB, CFDT, Unsa) avait déjà rendu un avis défavorable en mai lors du CSEC, et plusieurs syndicats ont coupé le dialogue social en juillet. BNP Paribas prévoit une réduction annuelle de 2,2 % à 2,5 % des effectifs en agences entre 2025 et 2030, soit environ 3.000 suppressions de postes. Un tiers des agences devraient fermer d’ici 2030, dont 200 dès 2025-2027 sur les 1.545 existantes. Le SNB considère l’accord comme un socle minimal, appelant à des ajustements futurs selon les retours d’expérience.
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