




Deux géants fusionnent

Le paysage européen de la gestion d’actifs s’apprête à vivre un bouleversement majeur : AXA Investment Managers (AXA IM) s’apprête à rejoindre officiellement BNP Paribas. À quelques jours de la finalisation, les contours de cette opération se précisent, révélant autant d’opportunités que de tensions internes.
AXA IM intègre BNP Paribas le 1er juillet
La fusion entre AXA IM et BNP Paribas Asset Management sera officialisée le 1er juillet, tous les feux réglementaires étant passés au vert, y compris celui très attendu de la Réserve fédérale américaine obtenu le week-end du 21 juin. Marco Morelli, directeur général d’AXA IM, a confirmé ce calendrier dans une note adressée aux salariés. L’opération franchira une deuxième étape en décembre avec la fusion juridique des entités, un tournant stratégique pour créer un géant européen de la gestion d’actifs.
Un casse-tête opérationnel pour les prochains mois
Les deux sociétés ont cinq mois pour définir leur nouvelle organisation commune, un défi de taille compte tenu des nombreux doublons, notamment dans les gammes de fonds. Selon Morningstar, trois quarts des catégories de produits se recoupent. Les questions affluent : quelles équipes vont fusionner, qui conservera le pilotage des stratégies, et des arbitrages seront-ils tranchés avant la date officielle de la fusion ?
Départs anticipés et réorganisation en cours
Plusieurs cadres dirigeants ont déjà quitté AXA IM, comme Hans Stoter ou Marion Le Morhedec, qui rejoint Fidelity. Ces départs traduisent l’incertitude ambiante et pourraient se multiplier si la gouvernance reste floue. Marco Morelli a reconnu que des changements étaient inévitables à cette échelle.
Le risque de fuite des talents
La perte de profils-clés menace la future entité, notamment dans des segments où BNP Paribas souhaite progresser. Le départ d’Anne-Sophie Humblot-Christophe, en charge des actifs privés chez AXA IM Alts, constitue une perte stratégique, car les actifs non cotés étaient l’un des moteurs de cette acquisition. Le maintien de l’expertise est donc un enjeu majeur pour la réussite de l’opération.
Des incertitudes sur la gouvernance future
Les équipes restent dans le flou sur la répartition des pouvoirs à venir. Qui pilotera les décisions, quels seront les nouveaux comités ? Certaines fonctions stratégiques, comme la recherche économique ou l’investissement responsable, resteront hors fusion mais continueront de travailler avec la nouvelle structure, grâce à des accords préexistants.
Un travail de fond pour assurer la continuité
Des groupes de travail ont préparé minutieusement le passage sous pavillon BNP Paribas, notamment sur les volets techniques et réglementaires. Informatique, conformité, reporting, trading : tout a été passé au crible pour garantir une transition sans heurts dès le 1er juillet.
Bureaux, contrats, et convention collective en question
Le sort des bureaux reste flou, entre les locaux de la Défense (AXA IM) et ceux de Nanterre (BNPP AM). Côté salariés, les contrats seront transférés sans changement sur les éléments clés (ancienneté, salaire, lieu de travail), conformément au Code du travail. Mais la convention collective pourrait basculer de celle de l’assurance à celle de la banque, moins avantageuse, suscitant de fortes inquiétudes syndicales.
Conclusion
Le rapprochement entre AXA IM et BNP Paribas constitue une manœuvre stratégique d’envergure pour peser davantage face aux leaders européens. Mais la réussite de cette fusion dépendra de la capacité des deux groupes à apaiser les tensions internes, clarifier leur gouvernance et fidéliser les talents dans un secteur ultra-concurrentiel.
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