




En grève pour leur télétravail

Chez Société Générale, la tension monte d’un cran : l’annonce de la réduction du télétravail a provoqué une réaction immédiate des syndicats, qui dénoncent une atteinte aux conditions de travail conquises ces dernières années. Une grève d’ampleur a été organisée, révélant un désaccord profond sur la manière dont l’organisation du travail doit évoluer dans le groupe.
Un retour imposé au bureau qui provoque la colère
Le déclencheur de la crise sociale est une note interne envoyée le 19 juin par la direction, imposant aux salariés de revenir sur site quatre jours par semaine. Jusqu’à présent, ils bénéficiaient généralement de deux jours de télétravail. Pour certains métiers, le travail à distance pourrait même être entièrement supprimé. Ce changement brutal, sans consultation préalable, a déclenché une levée de boucliers.
Une mobilisation forte dans les services administratifs et technologiques
La grève du vendredi 27 juin, organisée par l’intersyndicale CFDT, CGT et CFTC, a rencontré un écho significatif dans certaines entités. Dans les centres de services, essentiels au bon fonctionnement des agences, environ 50 % des salariés étaient en grève. Au sein de GTPS, filiale spécialisée dans les paiements, la mobilisation aurait atteint jusqu’à 90 %, selon les syndicats. Ces chiffres témoignent d’un rejet massif de la nouvelle directive dans les secteurs les plus digitalisés.
Un impact limité dans les agences, peu concernées par le télétravail
Dans le réseau d’agences, qui représente la moitié des effectifs du groupe en France, le mouvement a été beaucoup plus discret. Ces équipes, qui ne bénéficiaient que d’un jour de télétravail par mois, se sentent peu concernées par la réforme. Les agences sont restées ouvertes et ont continué à fonctionner normalement, confirmant une fracture d’intérêt entre les métiers sédentaires et ceux en contact direct avec la clientèle.
Un choix stratégique mal vécu par les salariés
La direction a justifié sa décision par la nécessité d’harmoniser les pratiques de télétravail dans le groupe. Mais pour beaucoup de salariés, cette uniformisation cache un retour en arrière mal assumé. L’absence de concertation avec les représentants du personnel, dans un contexte déjà marqué par un conflit salarial en mars dernier, a accentué le malaise. Le sentiment d’un management déconnecté monte parmi les équipes concernées.
Une date de grève soigneusement choisie pour peser sur l’activité
Le vendredi choisi pour la mobilisation n’a rien d’anodin. Fin de mois, veille de week-end : cette journée est stratégique dans le calendrier bancaire. Les syndicats ont voulu souligner l’importance des métiers souvent invisibles mais essentiels au fonctionnement de la banque. Malgré les efforts de certaines directions locales pour limiter les effets de la grève – en mobilisant des intérimaires ou des non-grévistes – des dysfonctionnements ont été constatés.
Une contestation qui dépasse la maison mère
La grève s’est étendue à plusieurs filiales du groupe comme BoursoBank, Ayvens ou Franfinance, preuve que la réforme du télétravail est loin d’être un simple sujet interne à la Société Générale SA. Pour continuer à mobiliser, les syndicats appellent à une opération « Tous sur site » le 3 juillet. Le but : démontrer que les conditions matérielles actuelles ne sont pas adaptées à un retour massif en présentiel, notamment en termes d’espace et d’outils.
Conclusion : une fracture sociale profonde à surveiller
Ce conflit autour du télétravail est révélateur d’une fracture plus large entre les attentes des salariés – notamment sur la flexibilité – et les choix de la direction. La grève du 27 juin et les actions prévues marquent un tournant dans le dialogue social au sein du groupe. Si la direction ne revoit pas sa position, la mobilisation pourrait s’intensifier et fragiliser davantage le climat interne. Le sujet du télétravail devient ici un véritable symbole du rapport au travail post-Covid.
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