Finance de l’ombre : le seul avenir viable ?
Les crises bancaires récentes ont bouleversé les certitudes
Les effondrements successifs de Credit Suisse et SVB ont révélé la fragilité des banques traditionnelles, malgré leurs réglementations strictes. Par contraste, les « banques de l’ombre » ont démontré une résilience inattendue, suscitant autant de fascination que d’inquiétude. Ce retournement de situation remet en question l’ensemble du système financier. Alors que les banques traditionnelles étaient présentées comme « trop sûres pour tomber », elles se sont retrouvées au cœur de la tempête financière. Pendant ce temps, les acteurs de la finance parallèle, comme le fonds Apollo, sont intervenus pour colmater les brèches. Cette dualité met en lumière le paradoxe de la finance mondiale : des sauveurs peu régulés, mais indispensables.
La finance de l’ombre a pris une ampleur colossale
Depuis la crise de 2008, elle représente près de 49 % des actifs financiers globaux, soit 239.000 milliards de dollars. Ces institutions, souvent basées dans des paradis fiscaux comme les îles Caïmans, fournissent des financements alternatifs à l’économie réelle. Toutefois, leur opacité et leur absence de régulation les rendent difficilement contrôlables, ce qui alimente les craintes de dérapages futurs. En collaborant avec des hedge funds ou en tirant profit des titrisations, elles augmentent leurs revenus, mais aussi leurs risques. Cette stratégie, adoptée par des acteurs comme BNP Paribas, montre à quel point les deux systèmes sont imbriqués. Paradoxalement, une baisse d’activité du shadow banking pourrait nuire aux profits des banques elles-mêmes.
Les scandales récents sont un avertissement clair
Des catastrophes comme Archegos et Greensill ont exposé la fragilité des interconnexions entre banques et finance parallèle. Ces crises, rappelant les subprimes de 2008, ont mis les épargnants et contribuables en danger, révélant que la priorité au profit s’est souvent faite au détriment de la gestion des risques. Le refinancement agressif des banques de l’ombre pourrait se heurter à des retraits massifs ou des appels de marge incontrôlables. Combinée à une montée des défauts de crédit, cette pression accrue risque d’affecter aussi bien la finance parallèle que les banques traditionnelles, plongeant à nouveau le système financier dans une instabilité redoutée.
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