




Guerre commerciale : Face à l'Europe, la Chine a-t-elle déjà gagné ?

Face à l’escalade du protectionnisme entre les États-Unis et la Chine, l’Europe se retrouve au cœur d’un jeu géopolitique à haut risque. Entre tentations chinoises et désillusions américaines, les Européens doivent redéfinir leur stratégie commerciale pour ne pas subir les chocs à venir. Dans ce contexte tendu, la voix de Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, s’élève pour alerter sur les dangers qui menacent notre souveraineté économique.
L’Europe cherche de nouveaux alliés face à l’Amérique imprévisible
L’Union européenne, fragilisée par un allié américain devenu adepte d’un protectionnisme brutal, multiplie les partenariats commerciaux alternatifs : Mercosur, Inde, Afrique du Sud, Asie centrale… L’objectif est clair : sécuriser de nouveaux relais de croissance dans un monde devenu instable, tout en préparant un sommet avec la Chine prévu pour juillet à l’initiative de Xi Jinping.
La Chine tend la main, mais à quel prix ?
Pékin propose une alliance stratégique avec Bruxelles contre la « coercition » américaine. La promesse : ne pas saturer le marché européen de produits chinois. Pourtant, la Chine fait face à un énorme problème de surproduction, notamment à cause des nouveaux droits de douane américains qui rendent 340 milliards de dollars de marchandises invendables outre-Atlantique. Une vague de réexportation vers l’Europe semble inévitable.
Le mirage chinois et le piège de la naïveté européenne
Depuis son entrée à l’OMC en 2001, la Chine a systématiquement utilisé les failles du système mondial pour renforcer sa puissance industrielle. Aujourd’hui encore, elle bénéficie d’un yuan en chute libre face à l’euro, ce qui augmente encore la compétitivité de ses exportations. Penser que Pékin jouera selon nos règles relève d’une dangereuse illusion.
L’alerte de Nicolas Dufourcq sur la prédation chinoise
Le directeur général de Bpifrance tire la sonnette d’alarme : la Chine, avec des entreprises comme BYD et leurs gigantesques usines, développe une stratégie d’expansion agressive dans les secteurs d’avenir comme les véhicules électriques. En 2023, leurs exportations ont bondi de 70 %. L’Europe risque une submersion si elle ne protège pas activement ses industries stratégiques face à un dumping estimé entre 100 et 150 % des prix de production.
Les États-Unis ne sont plus un refuge économique
Washington n’épargne pas non plus l’Europe. Les droits de douane américains – atteignant jusqu’à 100 % sur certains produits – mettent en péril nos entreprises. L’exemple de Withings, dont 40 % du chiffre d’affaires dépend des États-Unis, montre l’impact direct sur nos PME innovantes. Une récession américaine, probable à plus de 50 % selon certains économistes, ferait trembler l’économie européenne.
Une économie européenne sous pression multiple
L’incertitude géopolitique et économique pèse lourdement sur l’investissement. Les entreprises diffèrent leurs plans pour 2025, les ménages thésaurisent, et l’inflation importée – accentuée par les droits de douane – menace le pouvoir d’achat. L’Europe se retrouve piégée entre une Chine exportatrice à outrance et une Amérique qui se replie sur elle-même.
Conclusion
L’Europe est à la croisée des chemins. Elle ne peut plus compter aveuglément sur ses partenaires traditionnels. La souveraineté industrielle, une stratégie de résilience commerciale, et des alliances ciblées doivent devenir des priorités immédiates. Sinon, elle risque d’être le théâtre passif d’une guerre économique sino-américaine qui ne dit pas son nom, mais dont elle paiera le prix fort.
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