




HSBC casse la machine du télétravail

Le retour au bureau n’est plus un choix pour certains salariés de la finance, mais une obligation aux conséquences bien réelles. Alors que le télétravail semblait s’installer durablement après la pandémie, plusieurs banques durcissent le ton. À commencer par HSBC, qui entend désormais conditionner les primes de ses employés à leur taux de présence au bureau. Une stratégie qui révèle une fracture grandissante entre les attentes des employeurs et celles des salariés.
HSBC lie rémunération et présence physique
HSBC a décidé de frapper fort pour contraindre ses équipes britanniques à revenir en présentiel. Depuis 2023, la banque impose à ses employés de la banque commerciale et de détail au Royaume-Uni de passer au moins 60 % de leur temps de travail sur site ou en rendez-vous client, soit environ trois jours par semaine. Désormais, ceux qui ne respectent pas cette règle risquent une sanction financière : la réduction de leur prime annuelle. Pour faire appliquer cette mesure, l’entreprise s’appuiera sur ses données internes de fréquentation, qui seront croisées avec les décisions de rémunération.
Une ligne dure partagée par d’autres banques britanniques
La stratégie de HSBC n’est pas isolée. Elle s’aligne sur une tendance observée chez d’autres grandes banques du Royaume-Uni. En janvier, Lloyds, la plus grande banque de détail britannique, a elle aussi annoncé qu’elle prendrait désormais en compte la présence au bureau pour déterminer les primes de ses cadres supérieurs. Ces mesures traduisent un changement profond dans la culture managériale post-Covid, où la confiance accordée aux travailleurs à distance tend à diminuer.
Le monde de la finance veut enterrer le télétravail
Cette évolution ne se limite pas au Royaume-Uni. Dans le monde entier, les grandes institutions financières se montrent de plus en plus réfractaires au travail hybride. La banque américaine BNY Mellon, par exemple, a demandé à ses salariés de revenir au bureau quatre jours par semaine d’ici septembre, contre trois actuellement. Quant à JP Morgan, elle est allée plus loin en imposant un retour à 100 % sur site dès le mois de mars. Ce durcissement généralisé marque la volonté de certains acteurs du secteur de retrouver un contrôle total sur leurs équipes.
Jamie Dimon, croisé anti-télétravail chez JP Morgan
Le PDG de JP Morgan, Jamie Dimon, s’est érigé en figure de proue de cette croisade anti-télétravail. Il critique régulièrement ses effets supposément néfastes sur la productivité, la créativité et l’engagement des salariés. Selon lui, les réunions Zoom entraînent une baisse d’attention, et le télétravail empêche les jeunes employés d’apprendre efficacement. « On n’apprend pas en travaillant depuis son sous-sol », affirme-t-il, rejetant sans détour les arguments en faveur de la flexibilité.
La Génération Z, cible des critiques patronales
Ces attaques visent particulièrement la Génération Z, souvent perçue comme rétive à l’idée d’un retour massif au bureau. Jamie Dimon n’hésite pas à pointer du doigt leur volonté d’équilibrer davantage vie privée et vie professionnelle. Il ironise même sur leur refus de revenir chaque jour au travail : « Je vous félicite de ne pas vouloir aller au bureau tous les jours. Mais vous n’allez pas dicter votre conduite à JP Morgan. » Ce discours autoritaire illustre un choc de culture entre les attentes d’une nouvelle génération de travailleurs et les standards rigides du monde bancaire.
Une stratégie qui pourrait coûter cher en talents
Si certaines banques imposent leur vision avec fermeté, cette inflexibilité pourrait se retourner contre elles. Pour de nombreux salariés, la possibilité de télétravailler est désormais un critère non négociable. En refusant toute souplesse, les grandes institutions financières risquent de se priver de profils qualifiés attirés par des environnements de travail plus adaptés à leurs aspirations. Dans un contexte de guerre des talents, l’enjeu n’est pas seulement managérial, il devient stratégique.
Conclusion
Le bras de fer entre grandes banques et partisans du télétravail révèle une rupture de plus en plus nette dans le monde professionnel. Entre le retour en force du contrôle hiérarchique et la quête d’autonomie des salariés, le modèle hybride vacille. À vouloir tout miser sur la présence physique, les banques comme HSBC prennent le risque de sacrifier la fidélité et la motivation de leurs troupes sur l’autel de la discipline.
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