




La finance ferme ses portes aux alternants ?

Plébiscitée par les entreprises du secteur financier, l’alternance connaît un essor considérable ces dernières années. Mais la baisse programmée des aides publiques pourrait remettre en cause cet équilibre, obligeant les acteurs à faire des choix stratégiques. Derrière les chiffres flatteurs, un défi majeur se profile : maintenir l’attractivité du dispositif sans soutien étatique renforcé.
L’alternance, un pilier devenu stratégique pour les acteurs de la finance
La dynamique de recrutement en alternance est désormais ancrée dans les stratégies RH des groupes financiers. Delubac & Cie, par exemple, fait de l’alternance un levier de croissance, tandis que BPCE prévoit de recruter 3 000 alternants en 2024. Pour un secteur en profonde transformation, ces contrats permettent de former des profils adaptés aux enjeux numériques, réglementaires ou ESG, tout en sécurisant les besoins futurs en compétences.
La baisse des aides à l’embauche menace l’élan amorcé depuis 2018
L’annonce d’un reste à charge progressif dès juillet 2025, conjuguée à une réduction de l’aide à 2 000 euros pour les grandes entreprises, fragilise l’équilibre économique du modèle. Les fédérations du secteur, comme la FBF ou France Assureurs, alertent sur une possible rupture de dynamique. Sans soutien étatique maintenu, certaines entreprises pourraient revoir leurs volumes de recrutement à la baisse, compromettant les progrès accomplis depuis la réforme de 2018.
Des entreprises résistent, mais doivent parfois ajuster leurs ambitions
Face aux nouvelles contraintes budgétaires, plusieurs groupes ont choisi de maintenir le cap, à l’image d’Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, où les alternants représentent 6 % des effectifs. D’autres, comme Apicil, ajustent leurs ambitions à la marge, tout en continuant à privilégier une approche qualitative. L’alternance reste perçue comme un investissement stratégique à long terme, mais sa généralisation pourrait être freinée par des considérations financières plus strictes.
Un vecteur d’inclusion et d’emploi, au cœur des territoires
Au-delà de son rôle économique, l’alternance remplit aussi une mission sociale. Dans l’assurance, un alternant sur cinq est issu d’un quartier prioritaire, preuve de l’impact inclusif du dispositif. Les entreprises régionales, comme Arkéa ou Delubac, s’en servent aussi pour recruter localement et réduire les coûts liés à la mobilité géographique. En facilitant l’accès à des parcours qualifiants, l’alternance contribue à renforcer la cohésion territoriale et la diversité au sein des équipes.
Former et fidéliser : l’alternance, tremplin vers l’emploi durable
Les chiffres confirment la puissance de l’alternance en matière d’intégration professionnelle. Dans la banque, près de 40 % des alternants décrochent un poste à la suite de leur contrat. Dans l’assurance, un quart des recrutements se fait via ce canal, avec un taux de transformation en CDI de 62 % à deux ans. Ce modèle favorise une montée en compétence progressive, tout en sécurisant les recrutements dans un contexte de tensions sur certains profils.
Une guerre des talents qui pousse à innover et à s’ouvrir aux écoles tech
Pour séduire les jeunes générations, les groupes redoublent d’efforts et diversifient leurs partenariats. Delubac s’associe avec des écoles comme 42 ou Epita, tandis qu’Apicil collabore avec l’ISFA et l’université Lyon 2. Les réseaux sociaux, les jobboards spécialisés ou encore les plateformes comme Welcome to the Jungle deviennent des vitrines clés. Cette offensive sur le terrain de l’attractivité vise à capter les meilleurs profils, notamment dans les domaines de la tech, des data et du droit.
Conclusion
Alors que le gouvernement réduit la voilure budgétaire, les entreprises du secteur financier tentent de préserver un dispositif devenu structurant. Des outils comme Engagement Jeunes ou les CFA internes permettent de sécuriser le parcours des alternants, mais le climat d’incertitude pourrait freiner les élans. Si les équilibres économiques sont fragilisés, l’alternance reste, pour la finance, un levier stratégique d’intégration, de formation et d’anticipation des transformations du secteur.
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