




Le cash devient-il un luxe ?

Le nombre de distributeurs automatiques de billets (DAB) poursuit sa chute en France. En 2024, 1.545 distributeurs ont été retirés, ramenant leur total à 42.578. Cela représente une baisse de 3,5 % sur un an et de 19 % depuis fin 2018. Si la Banque de France affirme que l’accès aux espèces reste globalement stable, cette accessibilité dépend de plus en plus de la mobilité des usagers, surtout dans les zones rurales.
La baisse se poursuit depuis plusieurs années
Le parc de DAB en France se réduit année après année, sous l’effet conjugué du recul des paiements en espèces et de la transformation des usages bancaires. En 2023, la baisse avait déjà atteint 4,6 %, contre 3,5 % en 2024. Ce sont principalement les automates bancaires traditionnels – installés dans les agences ou à proximité – qui sont concernés. Depuis 2018, près d’un distributeur sur cinq a été supprimé.
Des disparitions concentrées en zones urbaines
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les zones rurales qui sont les plus touchées par la disparition des distributeurs. La Banque de France précise que la réduction du nombre de DAB se concentre essentiellement dans les grandes agglomérations, déjà bien desservies. Résultat : 98,8 % de la population se trouve encore à moins de quinze minutes en voiture d’un point de retrait.
Une accessibilité perçue comme satisfaisante
Le sentiment général reste rassurant : 91 % des Français jugent l’accès aux espèces « facile » ou « très facile », selon une enquête de la BCE relayée par la Banque de France. Dans les communes non équipées, le temps moyen de trajet jusqu’au distributeur le plus proche est stable à 9,2 minutes. Toutefois, cette moyenne masque des difficultés concrètes pour certains publics, notamment les personnes âgées ou sans moyen de transport.
Les banques assurent maintenir un bon niveau de service
Malgré la baisse continue du nombre de distributeurs, les banques et leurs représentants tiennent à rassurer. Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), souligne que l’accessibilité aux espèces reste une priorité. Elle rappelle que les établissements travaillent avec l’ensemble de l’écosystème pour garantir aux Français un accès équitable à leur argent liquide.
Les distributeurs indépendants prennent de l’ampleur
Le nombre de distributeurs indépendants – gérés par des sociétés comme Loomis, Brinks ou Euronet – a fortement augmenté en 2024, atteignant 961 unités, soit une hausse de 42 % sur un an. Installés dans les aéroports, zones commerciales ou communes rurales, ces automates viennent parfois combler le vide laissé par les banques traditionnelles. En 2019, on n’en comptait que 117.
Les retraits en commerce compensent partiellement
Pour pallier l’absence de DAB, les « points privatifs » se multiplient. Fin 2024, on en dénombrait 28.479, contre 27.418 un an plus tôt. Ces dispositifs permettent aux clients de certaines banques (Crédit Agricole, La Banque Postale, Crédit Mutuel, Nickel) de retirer de l’argent chez les commerçants partenaires. Dans 47 des 63 communes ayant perdu leur dernier DAB, ce service est disponible. Mais son usage reste limité par les horaires d’ouverture des commerces et par les partenariats bancaires exclusifs.
Conclusion
Un nouveau service de retrait interbancaire en magasin, porté par le Groupement Cartes Bancaires, devrait bientôt être déployé. Ce dispositif élargira l’accès aux retraits, quel que soit l’établissement bancaire du client. Selon la Banque de France, ce modèle jouera un rôle croissant dans la distribution des espèces, notamment dans les zones rurales. Face à la raréfaction des DAB, ces solutions hybrides s’imposent comme une réponse incontournable aux enjeux d’inclusion financière.
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