





Le Moyen-Orient, nouvel eldorado de la gestion d’actifs mondiale

Face à une région en pleine transformation économique, les plus grands gestionnaires d'actifs mondiaux se ruent vers le Moyen-Orient, attirés par des perspectives de croissance exceptionnelles, un cadre réglementaire en évolution et un vivier de fortunes en expansion. Dubaï, Abu Dhabi et Riyad deviennent les nouveaux épicentres de la gestion de patrimoine.
Un afflux massif d'acteurs mondiaux vers le Golfe.
Les géants de la gestion d’actifs – de BlackRock à Rothschild en passant par Pimco et Temasek – multiplient les implantations à Riyad, Dubaï et Abu Dhabi. L’Arabie saoudite, moteur économique du Conseil de coopération du Golfe (GCC), a vu son secteur de la gestion d’actifs bondir de 74 % depuis 2019, atteignant l’équivalent de 210 milliards d’euros fin 2023. Ce dynamisme reflète une région désormais incontournable pour les investisseurs mondiaux.
Une croissance dopée par la crise et l'épargne domestique.
La crise du Covid a agi comme un catalyseur : afflux de liquidités, hausse des dépôts, et une consommation gelée ont orienté les capitaux vers l’investissement. Selon Aurélien Vincent (Strategy&), cette dynamique a propulsé la valeur des actifs dans la région, comme partout ailleurs, offrant aux asset managers une fenêtre unique d’expansion stratégique.
Des réservoirs d’épargne en mutation.
Le Moyen-Orient concentre de nombreuses ultra-riches familles, dont les actifs offshore pourraient être rapatriés à mesure que s’opère une transmission générationnelle estimée à 1.000 milliards de dollars. Cette nouvelle génération, plus sophistiquée, diversifie ses placements au-delà de l’immobilier. Rien qu’en 2022, les Émirats ont attiré 4.000 individus fortunés, consolidant leur statut de hub mondial de la richesse.
Un cadre réglementaire en nette amélioration.
Les gouvernements de la région multiplient les initiatives pour moderniser leurs marchés. L’inclusion dans les indices MSCI a stimulé les actions, tandis que les obligations – freinées par la culture de faible endettement et les contraintes de la finance islamique – peinent à émerger. Cependant, les États simplifient les règles de lancement de fonds, améliorent les infrastructures technologiques et misent sur des centres financiers internationaux compétitifs comme le DIFC (Dubaï) et l’ADGM (Abu Dhabi).
L'essor des actifs non cotés et les ambitions économiques régionales.
La Coupe du monde au Qatar, les projets touristiques et le plan « Vision 2030 » alimentent une forte demande en capitaux privés. L’Arabie saoudite veut doubler ses exportations non pétrolières d’ici 2030. BlackRock, en partenariat avec le fonds souverain saoudien PIF, gère jusqu’à 5 milliards de dollars pour des projets d’infrastructures, illustrant le rôle central que les asset managers comptent jouer dans la diversification économique de la région.
Une région à fort potentiel, mais encore immature sur certains aspects.
Le financement bancaire étant sous pression à cause des politiques monétaires restrictives, les gestionnaires d’actifs s’imposent comme solution alternative, surtout pour la gestion de fortune et les actifs privés. Cependant, l’absence de fonds de pension développés et le rôle dominant de l’État dans la protection sociale limitent encore le développement des actifs cotés.
Conclusion : un marché attractif mais semé d’embûches.
Malgré l’enthousiasme ambiant, les nouveaux venus doivent faire face à des défis de taille : environnement réglementaire mouvant, manque de main-d’œuvre qualifiée, et concurrence accrue. Si les perspectives sont immenses, seuls les acteurs capables de s’adapter rapidement tireront pleinement parti de cette nouvelle ruée vers l’or version pétro-dollar.
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