




Un géant de la fintech piraté !

Le secteur de la gestion de patrimoine est en crise après une cyberattaque massive. L’éditeur de logiciels Harvest, pilier du domaine, a été frappé il y a quinze jours, paralysant une grande partie des professionnels qui dépendent de ses solutions. Cette situation met en lumière la vulnérabilité du secteur face aux menaces numériques et soulève des inquiétudes quant à la résilience des outils financiers.
Une attaque aux conséquences lourdes
Harvest a confirmé avoir subi un « incident de cybersécurité », précisant que l’attaque est désormais contenue. Toutefois, tous ses systèmes ne sont pas encore rétablis, ce qui ralentit considérablement la reprise des activités. L’entreprise affirme collaborer avec des experts en cybersécurité et les autorités compétentes pour résoudre la crise, mais elle reste avare en détails. De nombreux clients déplorent un manque de communication et une opacité frustrante autour de l’étendue des dégâts.
Un secteur à l’arrêt
Les conseillers en gestion de patrimoine (CGP) et les banquiers privés, qui s’appuient largement sur les outils de Harvest, se retrouvent dans l’incapacité d’opérer normalement. La paralysie des logiciels empêche la gestion des portefeuilles clients, le passage d’ordres financiers et l’accès aux solutions de conseil juridique. Certains professionnels alertent sur l’impact économique de cette panne, qui empêche les investisseurs de placer leur argent et freine le financement de nombreuses entreprises françaises.
Harvest, cible idéale pour les cybercriminels
Avec près d’un CGP sur deux utilisant ses solutions, Harvest est un acteur incontournable du marché. Son développement rapide et son intégration croissante dans l’écosystème financier en ont fait une cible privilégiée pour les hackers. Certains experts pointent du doigt la concentration des services au sein d’un même éditeur, rendant le secteur extrêmement vulnérable en cas d’attaque. Le recours croissant aux outils numériques et à l’agrégation de multiples services au sein d’une même plateforme aurait pu jouer un rôle dans l’ampleur des dégâts.
Des répercussions en cascade
Les conséquences de cette cyberattaque ne se limitent pas aux CGP. Les banques privées et les assureurs, qui s’appuient aussi sur les solutions Harvest, sont directement impactés. Les fournisseurs de produits d’investissement voient leurs catalogues bloqués, rendant impossible l’accès à certaines offres financières. À l’échelle du secteur, cette panne fragilise l’ensemble de la chaîne de gestion patrimoniale et met en péril des milliards d’euros de transactions.
Un acteur en pleine transformation
Fondé à la fin des années 1980, Harvest a connu une forte croissance, au point de devenir un acteur central du secteur. Après son rachat en 2019 par le fonds Five Arrow pour 120 millions d’euros, l’entreprise est passée sous le contrôle de TSA Associates et Montagu en 2023 pour 500 millions d’euros. Ce changement d’actionnariat lui a permis d’accélérer sa stratégie d’expansion, multipliant les acquisitions et les innovations technologiques. Mais cette transformation rapide a-t-elle affaibli sa cybersécurité ? Certains observateurs s’interrogent sur les conséquences d’une telle croissance sur la robustesse des infrastructures.
Une dépendance qui interroge
Cette attaque met en lumière un problème majeur : la dépendance quasi-exclusive du secteur de la gestion de patrimoine à un seul fournisseur. L’absence de véritable alternative à Harvest soulève des questions sur la nécessité de diversifier les solutions numériques pour éviter qu’un incident similaire ne bloque à nouveau tout un pan de l’économie. Les régulateurs et les entreprises pourraient être amenés à repenser leur stratégie technologique et à investir davantage dans la résilience de leurs outils informatiques.
Conclusion
La cyberattaque contre Harvest a mis à genoux la gestion de patrimoine en France, illustrant les risques d’une trop forte centralisation des services numériques. Ce choc pourrait inciter le secteur à renforcer ses infrastructures de cybersécurité et à diversifier ses fournisseurs, afin de limiter les dégâts en cas de nouvelle attaque. Reste à voir si cette crise servira de leçon ou si le marché continuera à s’appuyer sur un modèle aussi fragile.
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