La BCE se dirige-t-elle vers une baisse des taux ce jeudi ?
La Banque centrale européenne (BCE) s'apprête à déclencher un mouvement attendu depuis longtemps sur le marché financier : une baisse des taux. Ce jeudi, la BCE devrait annoncer un premier assouplissement de 0,25 point, marquant ainsi le début d'un nouveau cycle monétaire. Cette décision, bien que largement anticipée, suscite des débats animés au sein du Conseil des gouverneurs quant à la trajectoire future de cette politique monétaire.
Baisse de taux : une manœuvre attendue
Depuis septembre 2023, le taux de dépôt de la BCE était resté inchangé à son plus haut historique de 4,5 %. La baisse envisagée à 4,25 % est interprétée comme une réponse stratégique à divers indicateurs économiques. Les récentes données sur les salaires en Europe, en hausse de 4,7 %, et l'inflation dans la zone euro, atteignant 2,6 % sur un an en mai, incitent la BCE à agir pour maintenir la stabilité financière.
Cette baisse de taux vise à confirmer la trajectoire de l'inflation vers les objectifs fixés par la BCE, soit environ 2 %. Bien que la décision soit largement anticipée, son annonce officielle représente un signal fort envoyé aux marchés, marquant le début d'une période de politique monétaire plus accommodante.
Débats au sein du conseil des gouverneurs
Cependant, le consensus sur la nécessité d'une baisse des taux ne se traduit pas nécessairement par une clarté quant à la trajectoire future de la politique monétaire. Au sein du Conseil des gouverneurs, les opinions divergent sur la fréquence et l'ampleur des assouplissements à venir.
Philip Lane, économiste en chef de la BCE, insiste sur le maintien d'une politique monétaire restrictive jusqu'en décembre malgré les baisses de taux. En revanche, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, plaide pour un nouvel assouplissement dès le mois de juillet. Cette diversité d'opinions reflète les différentes perspectives économiques et les défis auxquels la BCE est confrontée.
Klaas Knot, gouverneur néerlandais, adopte une approche plus conservatrice, préconisant des ajustements trimestriels en fonction des prévisions économiques actualisées. Cette approche permettrait à la BCE de prendre des décisions éclairées en tenant compte de l'évolution des conditions économiques.
Attentes des marchés et risques perçus
Les marchés financiers, tout en anticipant une baisse des taux ce jeudi, adoptent une posture plus pessimiste quant aux futures actions de la BCE. Si certains investisseurs envisageaient jusqu'à six baisses de taux cette année, ils réduisent désormais leurs attentes à seulement deux, y compris celle du 5 juin.
Cette attitude prudente des marchés reflète les incertitudes quant à l'impact des politiques monétaires sur l'économie réelle. Certains experts mettent en garde contre le risque de maintenir des taux trop élevés pendant trop longtemps, ce qui pourrait compromettre la reprise économique déjà fragile, en particulier sur le marché du travail.
La baisse de taux annoncée par la BCE marque le début d'un nouveau chapitre dans sa politique monétaire. Cependant, les débats au sein du Conseil des gouverneurs et les incertitudes des marchés soulignent les défis complexes auxquels la BCE est confrontée dans son effort pour maintenir la stabilité financière et stimuler la croissance économique.
- Vues106