Record de défaillances d’entreprises en 2024
Alors que le crédit se porte plutôt bien. En 2024, les défaillances d’entreprise sont au plus haut. Pourquoi ces chiffres ? Comment ces sociétés tenues de fermer le rideau se caractérisent-elles ?
Après une accalmie grâce au Covid et aux aides accordées aux acteurs de l’économie durant cette période, de plus en plus d’entreprises entament une procédure de redressement judiciaire. Avec plus de 60.000 défaillances cumulées sur un an au mois d’avril 2024 et 33.000 défauts depuis le début de l’année selon Xerfi, ce chiffre est en augmentation de 18% sur un an et 20% à la moyenne de 2018-2019.
Au total, 69.500 emplois seraient menacés ce trimestre selon la dernière étude d’Altarès, ce qui constitue une croissance de 25% sur un an.
Parmi ces défaillances, on peut compter un certain nombre d’acteurs connus du grand public : Pimkie, The Bodyshop, Caddie…
Si la hausse de création de microentreprises, particulièrement vulnérables les 3-5 années suivant leur ouverture, explique en partie ces statistiques, bien d’autres critères éclairent cet état de fait.
Une conjoncture difficile
Au-delà des difficultés inhérentes liées à la création de nouvelles entreprises, d’autres facteurs expliquent de façon plus précise la raison de la flambée de ces défaillances.
Le contexte géopolitique actuel, ayant entraîné une forte inflation et des taux d’intérêt élevés, pèse sur l’activité des entreprises. Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, malgré des coûts d’approvisionnement et des frais de personnel en hausse, les acteurs économiques ont du mal à augmenter leurs prix : à cause de l’inflation, notamment sur les produits de base, les consommateurs ne sont pas disposés à dépenser plus.
Cette situation fait suite à celle du Covid, pendant laquelle de nombreux acteurs ont eu recours au PGE (Prêt Garanti par l’État), qui a artificiellement réduit la quantité de défaillances. Maintenant que les entreprises doivent rembourser leurs prêts, cette facture vient s’ajouter au poids de la conjoncture déjà difficile. Cependant, selon Altarès, cette phase de rattrapage est aujourd’hui en train de se refermer, renforçant l’effet de la crise.
Une situation contrastée
Si les microentreprises de moins de 3 salariés restent les plus vulnérables, toujours selon Altarès, ce sont les PME de 50 à 99 salariés qui affichent la situation la plus inquiétante, avec une augmentation deux fois plus rapide que la moyenne des défaillances et notamment + 91% en ce qui concerne les liquidations judiciaires.
La situation se détend cependant pour les plus grandes PME et ETI, avec un nombre de défaillances inférieur de 17% par rapport au 2ème trimestre 2023 cette année. En revanche, les liquidations d’entreprises plus grandes ont pour particularité de menacer beaucoup d’emplois.
On peut noter que les entreprises créées il y a moins de 3 ans, qui ne sont pas touchées par la dette du PGE, ne constituent qu’un dixième des acteurs en situation de défaillance.
Parmi les secteurs en difficulté, c’est le bâtiment qui souffre le plus, avec 38% de défauts supplémentaires relativement au deuxième trimestre 2022. La construction de maisons individuelles a notamment enregistré 274 procédures, soit 54% de hausse par rapport à l’an dernier, tandis que les défaillances dans les travaux d’installation d’équipements augmentent de 87% et les agences immobilières de 58%.
En revanche, malgré une conjoncture encore délicate, la boulangerie ou la restauration ou les commerces tendent à voir leur situation se détendre.
Malgré un trimestre difficile et des PME en situation de fragilité, nous pourrions donc aller vers une amélioration, selon Thierry Millon, directeur des études chez Altarès, avec un possible ralentissement des défaillances plus marqué dans les mois à venir.
Cependant, rien n’est garanti : avec le résultat des législatives, l’incertitude sur l’économie est plus forte que jamais.
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